Un traumatisme, s’il n’est pas traité naturellement, engramme ses informations dans une partie de notre mémoire. Le traitement de l’information s’est bloqué et laisse une empreinte physiologique et psychologique, provoquant par la suite des émotions problématiques.
Les traumatismes au moment de l’enfance
Les traumatismes survenant pendant l’enfance ont un impact significatif sur notre développement émotionnel et psychologique. Nos expériences précoces jouent un rôle crucial dans la manière dont nous nous construisons en tant qu’individus. L’environnement dans lequel nous évoluons pendant cette période délicate peut façonner nos réactions futures et influencer profondément notre bien-être mental.
Même dans les environnements les plus favorables, aucun enfant n’est à l’abri des moments de conflit ou de stress. Par exemple, un enfant peut être témoin d’un accès de colère d’un adulte, même s’il est entouré d’amour et de soutien. Ces incidents, bien qu’isolés, peuvent avoir un impact durable sur la perception de soi et sur la manière dont l’enfant interagit avec le monde qui l’entoure.
Le ressenti au moment du traumatisme
Le ressenti au moment du traumatisme peut varier considérablement d’une personne à l’autre, en fonction de la nature du traumatisme, des circonstances individuelles et des mécanismes personnels. Voici une description détaillée de ce que peuvent ressentir les individus lors d’un événement traumatisant :
- Peur Intense. La peur est souvent l’émotion dominante lors d’un traumatisme. La personne peut ressentir une terreur écrasante, une peur de la mort ou de la douleur imminente. Ce sentiment peut être accompagné de symptômes physiques tels que des palpitations, une respiration rapide, des sueurs froides et des tremblements.
- Confusion et Désorientation. Pendant un événement traumatisant, il est courant de ressentir une grande confusion. La personne peut avoir du mal à comprendre ce qui se passe, où elle se trouve ou comment réagir. Cette désorientation peut être aggravée par la rapidité et la soudaineté de l’événement.
- Sentiment de Perte de Contrôle. Un traumatisme peut provoquer un sentiment accablant de perte de contrôle sur la situation et sur soi-même. La personne peut se sentir impuissante, incapable de changer le cours des événements ou de se protéger.
- Détachement et Dissociation. Certaines personnes peuvent éprouver un sentiment de détachement ou de dissociation, se sentant comme si elles observaient la situation de l’extérieur de leur corps. Cette réaction peut être une manière pour l’esprit de se protéger contre la pleine force de l’expérience traumatisante.
- Panique et Agitation. La panique est une réponse fréquente, caractérisée par une agitation, une incapacité à rester immobile, des cris ou des pleurs incontrôlables. La personne peut chercher désespérément à échapper à la situation.
- Colère et Rage. La colère peut aussi émerger, souvent dirigée contre la cause du traumatisme, les circonstances ou même contre soi-même pour ne pas avoir pu prévenir l’événement.
- Tristesse et Désespoir. Une profonde tristesse et un sentiment de désespoir peuvent survenir, surtout si le traumatisme implique la perte d’un être cher, une blessure grave ou des dommages irréparables.
- Besoin de Survivre. Malgré la terreur, un fort instinct de survie peut se manifester. La personne peut devenir extrêmement déterminée à survivre et à protéger les autres, mobilisant toutes ses ressources mentales et physiques pour sortir de la situation.
- Amnésie et Déni. Dans certains cas, la personne peut éprouver une amnésie temporaire ou un déni partiel, où elle bloque une partie ou la totalité de l’événement de sa mémoire comme mécanisme de défense psychologique.
Le ressenti au moment du traumatisme est une combinaison complexe d’émotions et de sensations physiques qui varient selon l’individu et la situation.
Les émotions et les croyances engendrées
Les traumatismes laissent souvent des marques profondes et durables sur les individus, non seulement physiquement mais aussi psychologiquement. Parmi les impacts les plus insidieux se trouvent les croyances négatives qui s’ancrent profondément dans la perception de soi, des autres et du monde.
Un traumatisme peut laisser l’impression d’être faible ou incapable de faire face aux difficultés. Cette croyance renforce un sentiment d’impuissance qui peut être difficile à surmonter. L’estime de soi est souvent gravement affectée par un traumatisme, amenant l’individu à penser qu’il n’est pas digne d’amour ou de respect. Cette croyance peut nuire aux relations interpersonnelles et à la santé mentale.
Il est fréquent que les survivants de traumatisme se sentent responsables de ce qui leur est arrivé, même si cette culpabilité est irrationnelle. Ce sentiment peut perpétuer la douleur émotionnelle. Il peut également créer un sentiment d’être irrémédiablement endommagé. Cette croyance peut entraver la capacité de la personne à se reconstruire et à avancer. Le sens de sa propre valeur peut être considérablement diminué, conduisant à la conviction que l’on n’a rien à offrir. Cela peut affecter la motivation et la capacité à s’engager dans des activités productives.
Le revécu traumatique qui engendre une émotion problématique
Un traumatisme peut marquer une personne de manière durable, et même longtemps après l’événement initial, divers déclencheurs peuvent réactiver ces souvenirs douloureux, de manière inconsciente. Cette réactivation, souvent involontaire, peut survenir dans une multitude de situations et avoir des conséquences significatives sur la vie quotidienne.
Imaginons avoir subi lors de notre enfance, un accès de colère d’un adulte. Au moment de ce traumatisme, nous avons vécu peut-être de la peur, de la colère ou nous nous sommes retrouvé incapable de réagir. Cette information s’est engrammée dans notre mémoire sensorielle et les croyances négatives qui en ont découlées se sont inscrites dans notre inconscient. Lorsque, plus tard, nous rencontrerons une situation similaire comme un accès de colère d’une autre personne, les mémoires vont se réveiller. C’est ainsi que le traumatisme refait surface et engendre une émotion problématique dans des situations anodines.
La réactivation d’un traumatisme peut entraîner des symptômes physiques tels que des palpitations, des sueurs, des tremblements et des douleurs corporelles. Émotionnellement, cela peut provoquer des crises d’angoisse, des flashbacks, des cauchemars, de l’irritabilité, de la tristesse, des blocages ou des accès de colère.
Traumatisme réactivé : ce qu’il se passe
Lorsqu’un traumatisme est réactivé dans une situation du quotidien, les différentes parties du cerveau étant déconnectées, le cerveau ne fait plus la différence entre le moment du trauma et le moment présent. L’espace temps est le même qu’au moment du traumatisme et le cerveau croit qu’il est en train de vivre exactement la même chose, il revient à l’âge où le traumatisme s’est produit.
Les croyances négatives qui s’étaient installées prennent le dessus. Je suis faible, je suis sans valeur, je suis indigne d’être aimé… nous replongent dans ce sentiment d’impuissance. L’émotion se réactive avec exactement les mêmes sensations. Les comportements induits (fuite, agression, contrôle, inhibition) sont eux-mêmes réactivés. Comme un cercle vicieux, nous revivons en boucle tous les mécanismes inscrits dans la mémoire sensorielle.
Pour aller plus loin :
L’EMDR, une approche pour se libérer des traumatismes
La régulation émotionnelle pour les émotions problématiques
Vidéo : Une mémoire réactivée